" Trois heures, c'est toujours trop tard ou trop tôt pour accomplir ce que l'on veut" - Jean-Paul Sartre

mardi 17 janvier 2012

Mardi cinéma: Shame

Nous n'avons pas encore essayé notre deuxième recette, ce qui est un heureux hasard parce que nous sommes allés au cinéma hier et nous avons vu un bon film qui mérite sans doute un billet ici. Nous sommes allés voir La Honte, le nouveau film de Steeve McQueen.

L'histoire est assez simple quoique assez peu courante dans le domaine du cinéma. On présente la vie de Brandon, un obsédé sexuel célibataire qui mène une vie assez bien réglée. Il sort dans les bars et couche avec plusieurs femmes, il fait aussi souvent appel à des prostitués pour assouvir ses besoins. Le jour, il travaille pour une grosse boite, mais ne semble pourtant pas apte à penser à autre chose qu'au sexe et doit se masturber dans la salle de bain. Son monde bascule lorsque sa soeur Sissi, une musicienne qui tente de percer dans le milieu, lui demande de l'héberger pour un moment. Il doit donc modifier ses habitudes, ce qui le rend plutôt agressif. Sa soeur commence à réellement le troubler au moment où elle utilise son lit pour coucher avec son patron. Il lui demandera de quitter l'appartement et tentera de retrouver une vie normale avant de tomber encore plus bas.

Ce qui rend le film réellement intéressant est sans aucun doute le traitement du sujet. Le réalisateur repousse les tabous de ce qui est habituellement acceptable en terme de nudité au cinéma. Enfin, on présente la sexualité et l'univers de la pornographie dans ce qu'ils ont de plus laid et de plus troublant. Le réalisateur impose au spectateur la nudité de Michael Fassbender à un point où cela devient presque gênant. Cette attitude remet en question ce différent rapport que nous avons envers la nudité masculine et féminine dans les films et à se demander en quoi un homme nu en train d'uriner est plus malaisant que deux femmes ayant une relation sexuelle. La compulsion de Brandon est réellement une descente aux enfers et ce qui semble au départ plutôt sypathique et vraiment envahissant et l'oblige à focusser sur la sexualité plutôt que sur ce qui est important dans sa vie. La tension sexuelle qui existe entre lui et sa souer montre aussi en quoi cette obsession peut devenir problématique, comme si le personnage ne pouvait témoigner son amour autrement que par le sexe. Lorsqu'il tentera de faire l'amour avec une femme qui l'aime, il n'en sera d'ailleurs pas capable.

La prouesse de réalisation vient aussi des aspects techniques. McQueen n'a pas peur de longueurs et laissera Sissi chanter doucement New York, New York au complet en braquant la caméra uniquement sur le visage de l'actrice. Aussi, les plans très longs sont orchestrés d'une main de maître et ralentissent le rythme du film pour donner une impression d'étouffement et de stagnation propre au protagoniste. Aussi, le film est construit en miroir, plusieurs scènes semblent se répondre et permettent de se demander si le film se termine par une résolution du problème ou par une répétition infinie des mêmes situation. Il s'agit donc d'un film troublant, mais extrêmement riche.

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